Les ballons s’envolent, les écrits restent

Paris et le siège de 1870/1871

A l’heure où l’actualité de ce mois de janvier a remis le siège de Paris dans nos esprits, impossible de ne pas repenser au véritable siège de 1870/1871.

Trop sûr de lui et de la supériorité militaire de son armée, notre empereur Napoléon III a déclaré la guerre à la remuante Prusse voisine. Cette fanfaronnade s’est hélas rapidement transformé en pantalonnade. Son armée vaincue, sa capitale assiégée, lui-même obligé de chercher piteusement refuge auprès de la perfide Albion.

Les parisiens se sont alors retrouvés entièrement bloqués. Une épreuve particulièrement éprouvante pendant près de 4 mois d’hiver. Plus de 2 000 000 de parisiens, dont près de 22 000 juifs (source), se retrouvèrent ainsi pris au piège, encerclés par les prussiens.

Le but de cet article n’est pas de revenir sur cet épisode bien connu, simplement de donner un éclairage complémentaire avec quelques témoignages de parisiens juifs qui ont vécu ce siège. La source ? Trois lettres d’époques un peu particulières, trois « ballons montés ».

« Départ de Gambetta pour Tours, sur l’Armand-Barbès, le 7 octobre 1870, à Montmartre ». Paris, musée Carnavalet (photo Surnostraces)

Les « ballons montés »

Moins inspirés que les acteurs de Prison Break, les Parisiens ont vu toutes leurs tentatives de briser le siège prussien rester vaines. Ils eurent alors une idée originale : passer par les airs. Un ballon, du gaz d’éclairage, une nacelle, un pilote, et le tour était joué. Ce sont ainsi près de 66 ballons qui s’envolèrent de Paris pour continuer à communiquer avec l’extérieur. Les pilotes étant plus ou moins formés, et l’engin pas vraiment dirigeable, les succès furent variables. Si la plupart atterrirent bien en province, certains ballons furent capturés par les allemands, 2 furent engloutis en mer, un arriva même en Norvège.

Au total entre le 23 septembre 1870 et le 28 janvier 1871, ces ballons transportèrent plus de 2 millions de lettres, appelées par métonymie « ballons montés ». Et parmi elles, 3 que j’ai retrouvé récemment en brocante et qui feront l’objet d’une série de prochains articles :

Pas de scoop historique en perspective, mais des témoignages directs et touchants de quelques parisiens juifs qui ont traversé le siège de Paris, farouchement attachés à la défense de leur capitale et de leur patrie. A suivre !

Digne des voyages de Jules Vernes, cette gravure est tirée d’une édition de « Paris sous les Obus » de AJ Dalsème (source Gallica)

Paris sous les obus : coeur chaud, âme vibrante

Un éclairage complémentaire à ces ballons montés pourrait être la lecture de l’ouvrage « Paris sous les Obus », rédigé par un certain A.-J. Dalsème, qui a vécu le siège de l’intérieur. Ce livre a été écrit d’après l’auteur « au jour le jour, dans le grondement de la canonnade, presque dans la fumée des combats ». Derrière les initiales AJ se cachent en réalité deux frères, Achille et Jules Dalsème. Deux juifs niçois, lointains descendants de la famille Dalsheim(er) évoquée dans cet article. Achille (1840-1912) était un homme de lettres, romancier et journaliste français. Jules (1845-1904), polytechnicien devenu prof de maths, fut rédacteur à la chambre des députés.

Avec leur ouvrage « Paris sous les obus », « ce que nous avons voulu faire revivre, ce n’est spécialement ni le Paris politique des proclamations officielles et des actes gouvernementaux, ni le Paris militaire des relations d’état-major françaises ou étrangères, mais Paris en ses soubresauts, ses abandons, ses frémissements ; Paris au foyer et au rempart, aux avants-postes et dans la rue, sur les champs de bataille et aux ambulances ; Paris, coeur chaud, âme vibrante, avec ses femmes intrépides, ses héros glorieux et ses martyrs obscurs ».

Départ de Gambetta, gravure tirée de « Paris sous les Obus » (collection personnelle)

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