J comme … Jacob Marcus

Jacob Marcus est cet homme qui en 1809 a soufflé à l’oreille du roi de Hollande Louis Bonaparte un projet original : « faire entrer dans la carrière des armes les Israélites établis en Hollande. »

Le désir de relever sa nation

On retrouve les détails de ce projet dans les archives du Royaume de Hollande (aujourd’hui conservées aux Archives Nationales à Pierrefitte). « Animé du désir de relever sa nation de l’état d’avilissement où elle gémit depuis près de vingt siècles », Jacob Marcus est l’instigateur de ce Corps Israélite et en a été nommé Membre de la Commission de Surintendance. Mais ces archives ne donnent aucune précision sur son auteur et Jacob Marcus reste un nom/prénom parfaitement quelconque dans la communauté juive hollandaise à cette époque.

AF IV 1803
(photo ©SurNosTraces)

Entreprenant et hardi

Heureusement, des recherches complémentaires m’ont permis d’en savoir plus sur ce Jacob Marcus dans d’autres archives. En effet il soumet également au Roi de Hollande le 24 novembre 1808 un plan pour rétablir les finances du Royaume. Si ce projet n’est finalement pas retenu, le ministre des finances de l’époque Robert Voûte qui l’analyse donne quelques précisions sur son auteur :

« Ce sieur Jacob Markus m’a paru être doué de facultés naturelles plus que
communes, entreprenant et hardi dans ces conceptions, il me semble aussi qu’il sait les conduire, tant que les difficultés ne sont pas trop majeures, et son imagination fertile lui a sans doute dans le cas actuel de la baisse des fonds publics beaucoup servi pour concevoir un plan qui s’il était réalisable aurait certainement le mérite de relever les fonds publics et de sauver sa fortune du danger imminent dans laquelle elle se trouve actuellement placée. Avec un but si raisonnable, son dévouement à votre majesté plaide en sa faveur car il a toujours par ses  opérations dans les fonds publics contrarié ceux qui travaillaient à la baisse.  En 1803 il eut le malheur de faillir à la suite d’entreprises en marchandises qui furent saisies mais ayant pu faire un accord avec ses créanciers il se vit réhabilité et commença le commerce en fonds publics avec assez de succès à ce qu’il paraît puisqu’actuellement il est parvenu à être un négociant assez famé par ses opérations majeures. C’est lui encore qui s’est adressé le premier à votre Majesté au sujet de la possibilité de lever un corps d’armée composé d’israélites. »

L’étude exhaustive des actes d’état civil d’Amsterdam m’a permis d’identifier définitivement ce personnage. La comparaison des signatures manuscrites retrouvées dans les actes d’état civil concernant tous les individus nommés Jacob Marcus ou Marcus Jacob avec celles des courriers adressés au Roi m’a permis d’identifier précisément notre homme.

Confondu par sa signature, notre Jacob Marcus qui souffle à l’oreille du Roi est celui qui épouse en 1804 à Amsterdam Rose Levy.

Jacob Marcus Rosenik : Rose & Moi

Issu d’une riche famille juive installée à Wageningen, petite ville au sud-est d’Amsterdam, Jacob y est né le 13 février 1775, fils de Samuel Jonas Marcus
(1716-1815) et de Miryam Macum (1734-1829). Jacob Marcus adopte en 1808 le nom de Rosenik, en clin d’œil à sa femme actuelle Rose (Roos en Ik signifiant en hollandais Rose et moi).

Rose et moi : Marcus Jacob « Rosenik » et sa femme Rosette Levy Samson
(©RKD, Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie)

Jacob Marcus décède le 8 janvier 1853 à Wageningen. Avec lui disparaît le nom Rosenik mais il laisse une descendance féminine à ses deux dernières épouses :

  • son fils unique Samuel, issu d’un premier mariage avec Vogeltje de Jong (Amsterdam, 1798), est décédé sans descendance le 26 mars 1826 à Wageningen à l’âge de seulement 23 ans.
  • de sa seconde femme Rosette Levy Samson, Jacob Marcus laissera deux filles : Maria (1806-1866) et Johanna Sara (1808-1881), toutes deux épouses Wertheim.
  • Avec sa troisième et dernière épouse Caroline Calish naîtra une fille, Sara Jacoba Rosalia, née vers 1829 à Wageningen, épouse Seligmann.

Les archives hollandaises RKD (Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie) conservent plusieurs portraits de ce marchand aisé et reconnu localement mais dont le rôle dans la création du Corps Israélite était jusqu’ici ignorée.

Marcus Jacob (©RKD, Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie)

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