Emouvante découverte : en jetant un oeil parmi les vieux papiers et vieilles photos d »un site, je suis tombé sur l’album d’une famille de #Salonique des années 30. Des photos banales, scènes de vie, sorties entre amis, portraits de famille, parents fiers, bébés joufflus, bref la vie quoi. Hélas aucun nom au dos de ces photos. Ces inconnus resteront certainement des fantômes.
A moins que…
Connaissant l’histoire particulière de cette ville où vivait la plus grande communauté juive de Grèce, je demande par hasard au vendeur si jamais il a plus d’infos sur cette famille. Il m’explique que non, il a trouvé cet album dans une brocante d’Athènes et n’a aucune info à propos de cette famille.
Rien, … à part juste un petit mot et un extrait de journal glissés dans cet album. Un très émouvant petit poème signé « Sam » sur la brièveté de la vie et la fugacité du temps qui passe… Et surtout un article à propos du mariage de Samuel Molho et de Lucie Noah le 16 avril 1929.
Ces inconnus des photos ont donc un nom. Et le personnage central de cet album, aisément reconnaissable avec son faux air de Benjamin Biolay, est donc Samuel Molho dit Sam.
Samuel Molho de Salonique
De rapides recherches notamment auprès de YadVashem confirment hélas que comme 96% des juifs de Salonique, la famille Molho a été exterminée pendant la Shoah. Enfants, parents, grands parents.
Sam, sa femme Lucie, leurs enfants Myriam (née en 1932) et Simon (né en 1937), ses parents Simon Molho (1876-1943) et Myriam Beraha (1885-1943). Les dernières photos sont assez bouleversantes, datant de 1939 avec notamment le petit Simon d’à peine 2 ans.
Cet album qui comprendrait près de 250 photos est évidemment un témoignage historique rare. Ma crainte : que cet ensemble unique disparaisse et que les photos mises en vente soient disséminées aux plus offrants. J’avertis immédiatement le vendeur.
Très compréhensif, il retire rapidement toutes les photos de la vente. Et m’annonce quelques jours plus tard qu’il compte en faire don aux institutions adéquates (peut-être le récent musée juif de Thessalonique ?) Bravo et merci Yannis pour cette sage décision !
Ces photos sont un témoignage rare d’une communauté disparue. Sam fut l’une des 48 000 victimes juives de Salonique mais aussi un homme, un père, un mari, un ami et même un poète. Je lui laisse les derniers mots avec son poème particulièrement émouvant et prémonitoire :
Si la vie est si brève
Si tout fuit sans retour
Il nous reste le rêve
Des plus beaux de nos jours
Sam Molho
Dernière question aujourd’hui sans réponse : ce Samuel Molho né à Salonique en 1900 serait il le même que le Samuel Molho, également né à Salonique en 1900 et venu se battre en France pendant la guerre parmi les engagés volontaires étrangers, finalement déporté par le convoi 73 ? Simple homonyme ? A ce stade faute de précisions sur le 2nd Samuel, impossible de conclure que notre Sam poète est venu se battre en France.
Enfin pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur la Jérusalem des Balkans, voici une petite vidéo récente plutôt bien faite (je n’en suis pas l’auteur) :
Cher Nicolas
Quelle chance que grâce à ton travail une nouvelle famille puisse enfin sortir de l’oubli. Je garde espoir qu’un jour quelqu’un puisse, comme toi, redonner un visage à ma Tante Hilda assassinée à l’âge de 17 ans.
Encore merci
Yann
Bonsoir Yann, j’aurais tellement aimé réussir à t’aider ! Hésite pas si t’as de nouvelles pistes
Quel beau travail de mémoire! A propos de Salonique lire Gioconda !
Merci Miriam pour cette suggestion, ouvrage commandé à mon libraire !
[…] dernières recherches m’avaient conduit sur les traces de la famille de Samuel Molho de Salonique. D’où mon intérêt particulier pour cette ville et cette […]