X comme … XL13

Je l’avoue, trouver un article commençant par la lettre X pour respecter les exigences du ChallengeAZ ne fut pas une mince affaire et le résultat s’en trouve un brin capilotracté. XL13, au sein des Archives Militaires de Vincennes, c’est la référence du dossier des « Régiments bataves » incorporés à l’Empire français. Et c’est surtout l’endroit où l’on trouve la trace d’un officier pas comme les autres : Levi Samuel Boas, l’unique capitaine du corps israélite.

Archives des Régiments Bataves du 1er empire (XL13, SHD, photo ©SurNosTraces)

Levi Samuel, plus couramment nommé Louis Boas ou tout simplement désigné LS Boas, a été le capitaine recruteur de l’éphémère Corps Israélite créé en Hollande en 1809 par le roi Louis Bonaparte. On lui avait bien promis un emploi d’officier, mais la fin rapide de cette initiative n’a pas permis de tenir cet engagement. Il sollicite alors un emploi d’officier dans l’armée française, précisant qu’il avait « toujours regardé la carrière des armes comme la plus glorieuse et la plus conforme à ses dispositions ».

Dossier d’officier de Levi Samuel Boas (2YE 392, SHD, photo ©SurNosTraces)

L’analyse de son cas par l’administration suite à sa demande est détaillée dans un courrier. La présentation qui est faite de cet officier, manifestement apprécié du général Molitor, est plutôt élogieuse : « M. L.S Boas, ci-devant capitaine recruteur au corps des Israélites Hollandais, sollicite un nouvel emploi militaire dans l’armée française. Il résulte des détails donnés par ce militaire et des renseignements pris auprès de M. Le Général Molitor qu’il appartient à une riche famille juive d’Amsterdam, qu’il est âgé de 22 ans et qu’il avait été désigné au mois de mai 1809 pour remplir les fonctions de capitaine recruteur du corps d’Israélites formé en Hollande, qu’il s’est donné beaucoup de peine pour détruire chez les Juifs le préjugé qu’ils conservent contre le service militaire, qu’il fût mis à la tête d’une compagnie et qu’il la commanda dans une marche qu’elle fit avec tout le corps depuis La Haye jusqu’à Doesburg, qu’il se flattait qu’il recevrait enfin le brevet de capitaine comme on le lui avait fait espérer, mais que le régiment fut dissous au mois de juin 1810 avant qu’il eut reçu la nomination, et qu’il soit rentré dans la classe des jeunes gens qui sont soumis à la conscription, ce qui l’expose à se voir obligé de marcher comme soldat après avoir eu l’expectative d’un emploi d’officier. M. le Général Molitor annonce que ce jeune homme montre beaucoup de zèle pour son état, que sa conduite est sans reproche, que ses anciens chefs en font l’éloge et qu’ils assurent qu’il a de l’instruction et qu’il peut faire un bon officier. »

La réponse s’avère positive, LS Boas est nommé le 22 juin 1811 sous-lieutenant au 127e régiment d’infanterie de ligne. Ce régiment fait la campagne de 1811 en garnison à Hambourg et Lunebourg et celle de 1812 au 1er corps de la Grande Armée pour la campagne de Russie. Après avoir participé aux batailles de la Moskova, de Malojaroslawetz et au passage de la Bérézina, ce 127e régiment est pratiquement anéanti. Réorganisé en 1813, le régiment est finalement dissous en 1814. Je n’ai pas réussi à savoir ce qu’était devenu devenu Louis Boas pendant cette période tourmentée.

Après la chute de l’Empire il poursuit sa carrière militaire en Hollande. On le retrouve dans un corps expéditionnaire en partance pour Batavia, ancienne capitale les Indes néerlandaises aujourd’hui Djakarta, soutenir la guerre de Java. Malheureusement pour lui son navire le Wassenaar tombe dans une tempête à peine parti et fait naufrage. Il décède le 26 janvier 1827 des suites de ses blessures.

Naufrage du Wassenaar où périt Louis Boas (©warshipsresearch)

Né à Amsterdam le 11 juillet 1789, fils d’un des dirigeants de la communauté (parnassim) Barend Boas parfois autrement dénommé Samuel Zelig Boas et de Rana Levie Perez, Louis Boas décède le 26 janvier 1827 et est enterré au cimetière juif de Helder sans laisser aucune descendance identifiée. Sa tombe indique bien son statut de capitaine, sans préciser le rôle particulier qu’il a joué dans une initiative unique au cœur des armées napoléoniennes.

La tombe de LS Boas au Helder (©europeana.eu)


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