G comme… Gueniza

C’est l’histoire du parcours incroyable d’une lettre écrite par un soldat de Napoléon, miraculeusement conservée et retrouvée dans une gueniza allemande. Son auteur, un certain Schmul Moise a disparu dans les guerres napoléoniennes. Son sort et son parcours étaient jusqu’ici restés inconnus. Un mystère que mes recherches menées dans les archives militaires françaises ont permis de lever. Bienvenue sur les traces du soldat Schmul.

Lettre de Schmul Moise (©Ehemalige Synagoge Niederzissen)

Niederzissen est un charmant petit village situé sur la rive gauche du Rhin non loin de Coblence et de Bonn. Des travaux de rénovation récents entrepris dans la synagogue ont permis d’étudier les contenus de la gueniza, c’est-à-dire un ensemble de vieux papiers de la communauté locale, entreposés dans les combles de la synagogue.

Synagogue de Niederzissen où a été retrouvée la gueniza (© Universität Mainz)

Dans la tradition juive, il est interdit de jeter des documents comportant le nom de Dieu. Aussi ces documents sont conservés et stockés en attendant d’être enterrés. Mais ils sont parfois oubliés et constituent lors de leur redécouverte une source précieuse pour la mémoire juive et l’histoire locale. La gueniza de Niederzissen est composée de nombreux articles religieux mais aussi des objets de la vie courante : contrats de mariage (Ketoubot), actes d’achats, un registre de circoncision (Mohelbuch), des langes brodés (Mappot), ainsi que cette rare et touchante lettre écrite en 1807 par un soldat à sa famille.

Une traduction vers l’allemand a été réalisée par Nathanel Riemer de l’Université de Postdam/Berlin. En voici un aperçu en français :


« Bollenheim, dimanche 14 Heshvan 568 après le petit comput [=15 novembre 1807]. Vous pouvez voir comment je suis habillé et les tentes où nous sommes cantonnés. Shalom à mon père aimé, mon professeur, très cher maître, guide et chef, Moshe, Dieu puisse le protéger et préserver, et à ma mère Madame Ranchi, puisse-t-elle vivre longtemps et se renforcer. Chers parents aimés. Je dois vous écrire que je suis, avec l’aide de Dieu, encore en bonne santé. J’espère que la santé ne vous manquera pas non plus, jusqu’à cent ans. Amen. Je profite d’une occasion pour vous écrire. J’ai bien reçu les trois lettres que vous m’avez envoyées. J’ai reçu ces lettres à Erev Yom Kippour [= 11 octobre 1807]. A ce moment-là, cette lettre était déjà sur le courrier que vous avez reçu de moi la dernière fois. Je ne sais pas où nous allons aller, on ne donne pas d’information aux soldats ordinaires. On espère tous les jours partir, car si on passe l’hiver ici on va endurer le froid. Je n’espère rien d’autre, que vous m’écriviez comment s’est passé le mariage, s’il y avait beaucoup de gens et s’il a reçu beaucoup de cadeaux. Vous ne pouvez pas me faire plus plaisir que de m’écrire plus souvent. Je reste votre fils fidèle »

« L’humble Schmuel, fils du sieur Mosche de Niederzissen. »

En 1807 à l’époque de cette lettre, Niederzissen fait partie depuis dix ans du département français de Rhin-et-Moselle, situé sur la rive gauche du Rhin au niveau de sa jonction avec la Moselle (en vert pâle sur cette carte).

Carte des départements de l’Empire français de 1812, dont celui de Rhin et Moselle (©Fondation Napoléon)

La population juive y est relativement importante : le département de Rhin-et-Moselle compte ainsi « environ le cinquantième de la population en juifs » d’après le « Mémoire Statistique du Département de Rhin-et-Moselle » dressé par son préfet en 1805. Ce chiffre est corroboré par l’analyse consistoriale menée dans tous les départements de l’Empire, selon laquelle le département de Rhin-et-Moselle compte 4 063 israélites (on admire la précision de l’administration impériale !).

Cette lettre est un document exceptionnel, témoignage rare et touchant d’un soldat juif engagé dans les armées de Napoléon. Son auteur est un certain Schmul, fils de Mosche de Niederzissen. Niederzissen étant à cette époque un département français, les juifs y doivent en 1808 choisir un nom de famille fixe. On retrouve cette famille dans la liste de prise de nom des juifs de Niederzissen sous le nom de Doderes, écrit de façon variable suivant les documents en Doderer, Dotterer, Dotteres, Totris, Todros, Totros, Doderi …

Moise Doderes de Niederzissen prend en 1808 le nom de Théodore Berger. Son épouse Rachel Levi prend le nom de Rosalie Froelich. Et Moïse déclare quatre enfants, dont l’aîné est notre Schmul, né le 28 septembre 1788 à Niederzissen, à qui est donné le nom de Simon Berger, alors même qu’il est déjà à l’armée. Ce Moyse Doderer / Théodore Berger est commerçant et marchand de bétail comme en atteste un contrat de vente de bestiaux de 1785 également retrouvé dans la gueniza. Il décède à Niederzissen le 3 février 1832.

Hélas la lettre ne donne aucune information sur le parcours militaire ni sur le sort de son auteur. Et la seule indication de lieu, « Bollenheim » d’où a été écrite cette lettre, ne correspond à aucun lieu clairement identifié et semble une transcription phonétique approximative.

Heureusement des recherches menées dans les archives militaires françaises du Service Historique de la Défense (SHD) à Vincennes m’ont permis d’identifier ce soldat et son parcours militaire. Ainsi une analyse minutieuse des registres militaires permet de voir que Moyse Schmul est enrôlé dans le 3e bataillon du 36e régiment d’infanterie de ligne le 13 juillet 1807.

Registre matricule du 36e régiment de ligne (©Service Historique de la Défense, 21 YC 0321)

Ce registre corrobore les données de la prise de nom de 1808 : il est né à Niederzissen en octobre 1788, fils de Moises Dodores. Certes il est enregistré sous le prénom de Moise et non de Schmul mais ce genre d’inversion prénom/nom est assez fréquent à l’époque. Ce registre offre aussi une description physique de l’intéressé : 1m69, visage ovale, front couvert, nez aquilin, bouche moyenne, menton petit, yeux bleus, cheveux et sourcils châtains. Et surtout, il précise qu’il est arrivé le 13 juillet 1807 comme conscrit au 36e de ligne, qu’il y est resté près d’un an fusilier au 3e bataillon avant de rejoindre le 120e de ligne le 1er juillet 1808. Sa présence dans les 36e et 120e régiments de ligne permet de retracer son parcours.

Au camp de Boulogne

Après la rupture en 1803 de la paix d’Amiens par les Anglais, l’empereur Napoléon projette l’invasion de l’Angleterre. Il établit alors près de Boulogne-sur-Mer un vaste camp militaire où il rassemble et entraîne l’armée des côtes de l’Océan, qui deviendra la célèbre « Grande Armée ». Mais la Troisième Coalition conclue en 1805 par le Royaume-Uni, l’Autriche et la Russie le pousse à revoir ses plans. Il expédie alors une grande partie de son armée du camp de Boulogne pour combattre les Autrichiens et les Russes à Austerlitz. Néanmoins, certains soldats sont restés à Boulogne. C’est précisément le cas du 3e bataillon du 36e RI. L’historique de ce régiment indique que le 3e bataillon est toujours resté jusqu’à 1808 au camp de Boulogne : « Depuis la formation de la Grande Armée pour la campagne de 1805, le 3e bataillon n’avait pas changé de place ; il faisait depuis trois ans partie de l’armée des côtes d’Océan ». C’est donc l’hiver boulonnais que redoute notre soldat. Le « Bollenheim » d’où est écrite sa carte est sans aucun doute possible Boulogne, et les tentes représentent ainsi le célèbre camp de Boulogne.

Les troupes de ce camp sont organisées en réalité sur plusieurs camps le long de la côte. Quand Schmul arrive à l’armée en juillet 1807, son bataillon a pour emplacement l’un des principaux sites, le célèbre « Camp de droite ». Il est situé sur le sommet de la colline dominant Boulogne au nord, près de l’emplacement actuel d’une colonne dédiée à la Grande Armée, à l’effigie de l’Empereur qui tourne le dos à l’Angleterre.

Colonne de la Grande Armée à Wimille (©SurNosTraces)

Le 3e bataillon du 36e de ligne compte en octobre 1807 1181 personnes, dont 976 soldats en état de faire la guerre, mais aussi 110 infirmes, 41 galeux, 40 ouvriers et 14 enfants de troupe. Il est en grande partie constitué de conscrits. Moyse restera campé à Boulogne de son arrivée en juillet 1807 jusqu’en janvier 1808.

Le général Dellard, chef de bataillon du 36e RI donne dans ses mémoires des précisions sur la vie au camp : « Le soldat construisait lui-même les baraques qui étaient très bien alignées (…). Ces baraques ressemblaient toutes à de petites maisons et se composaient d’une charpente, supportée par deux murs parallèles élevés à quatre pieds du sol et couverte en paille, de manière à intercepter la moindre goutte d’eau. L’intérieur était garni d’un lit de camp, où pouvaient coucher 14 hommes, dont les effets d’habillement, d’armement et d’équipement, ainsi que les armes lorsqu’il pleuvait, étaient placés à des chevilles du râtelier, disposées à cet effet en face et en tête du lit de camp ». Le médecin Hiriart dans un rapport de 1804 précise « Chaque baraque de soldat (…) loge de 14 à 16 soldats. On ne trouve de poêles ou de cheminées que dans celles des officiers. » On peut comprendre l’appréhension de Schmul à l’idée de passer l’hiver dans ces baraques non chauffées où règne autant l’humidité que la promiscuité. Ce sera cependant son dernier hiver.

Aperçu du camp de Boulogne où l’on distingue les baraquements du « Camp de Droite »
©Bibliothèque municipale Boulogne-sur-Mer

En route pour l’Espagne

Le 24 janvier 1808, le 3e bataillon du 36e RI quitte le camp de Boulogne avec un objectif annoncé : la marche sur Madrid. Soit près de 1 500 kilomètres de marche à pied ! Après un mois d’avril passé en préparatifs, la frontière est franchie dans les premiers jours du mois de mai. La période est marquée par un soulèvement à Madrid contre les Français, sévèrement réprimé (le célèbre Dos de Mayo, 2 mai 1808, immortalisé par le peintre Goya) mais qui finira par se répandre dans tout le pays.

El dos de mayo de 1808 en Madrid, Goya : massacre de soldats de l’Empire napoléonien (notamment des Mamelouks) par des insurgés espagnols

Le régiment de Schmul est stationné le 8 mai à Vitoria, capitale de la province d’Alava dans l’actuel Pays basque. Le 13 mai, son régiment reçoit l’ordre de se rendre à Burgos et d’y arriver le 21 mai. Il y restera jusqu’au 5 juin inclus. Le 23 juin, il participe à la première occupation de la ville de Santander dont l’évêque avait pris la tête des révoltés. Le 1er juillet 1808, le 120e Régiment d’Infanterie de ligne est officiellement créé à partir des 17e et 18e régiments provisoires. Schmul fait alors partie du 2e bataillon de ce 120e de ligne.

Comme des lions

Le 120e RI participe le 14 juillet 1808 à la bataille de Médina de Rio-Seco, près de Valadolid dans les plaines arides de Castille. Les Français emmenés par le maréchal Bessières s’y heurtent aux armées de Galice et de Castille sous les ordres des généraux Blake et La Cuesta, soit 20 à 25 000 hommes de troupes régulières et 8 000 paysans qui tentèrent de couper les lignes de communication françaises avec Madrid. Ce fut une grande victoire française et la déroute espagnole fut complète. Le bulletin officiel de la victoire précise que « tous les jeunes conscrits des régiments provisoires se sont battus comme des lions. Dans cette bataille, la première à laquelle ils assistaient, les 17e et 18e provisoires, vigoureusement enlevés par le général Sabatier, se firent remarquer par leur entrain et leur valeur. » Schmul y rencontra les honneurs de la guerre mais aussi ses horreurs. « L’ennemi se retira en désordre et fit mine de se retirer dans Rio-Seco. Le général Mouton s’empara de cette ville à la baïonnette. Tout ce qui s’y trouva les armes à la main fut passé au fil de l’épée. Le général Lasalle poursuivit les fuyards et en fit un grand carnage. Ce n’est point exagérer que de porter la part des insurgés à 5 000 morts. Le champ de bataille est couvert d’armes et de débris de toute pièce. Nous avons au plus 300 blessés et une cinquantaine de morts » précise l’historique du régiment. Dans son compte-rendu écrit le lendemain, le Maréchal Bessières précise que « Il y a eu quelques excès commis à Médina de Rio-Seco. (…) Les moines du couvent des Franciscains ont fait feu sur nos soldats : ils ont tous été passés au fil de l’épée. (…) J’ai 1 200 prisonniers : c’est fort embarrassant, les soldats étaient las de tuer ». La victoire de Médina de Rio Seco améliora grandement la position stratégique de l’armée française dans le nord de l’Espagne. Elle permit notamment à Joseph, frère de Napoléon, de venir à
Madrid pour prendre le trône d’Espagne. Enchanté, Napoléon déclara : « si le maréchal Bessières a été capable de battre l’Armée de Galice avec si peu de pertes et peu d’efforts, le général Dupont sera capable de renverser n’importe qui il pourrait rencontrer ».

Hélas il sera contredit par l’humiliante défaite de Baylen 5 jours plus tard où les troupes du général Dupont furent vaincues et 20 000 soldats français faits prisonniers. « Ce funeste événement diminue dans l’opinion de l’Europe le prestige de nos armes ; il ruine pour longtemps nos affaires dans la Péninsule et exalte jusqu’à la frénésie l’enthousiasme des Espagnols » précise l’historique du régiment. La situation devient intenable pour les Français face à l’insurrection des Espagnols alimentée par le clergé et soutenue par les anglais. Les conséquences de la victoire de Bessières à Rio-Seco furent donc éphémères. Joseph doit quitter Madrid, et Bessières avec son corps d’armée entame une retraite vers l’Ebre et le Pays basque, en attendant le lancement d’une nouvelle grande offensive menée fin 1808 par Napoléon en personne avec 6 corps d’armée aguerris.

Chaleur plus forte qu’en Egypte

Quoique victorieux sur le plan militaire, les soldats français du régiment de Schmul souffrent cependant de conditions particulièrement déplorables. L’historique du régiment précise ainsi avec un certain euphémisme : « Il s’en fallait cependant de beaucoup que rien ne manquât ». Le Maréchal Bessières précise que « Le pays que je parcours est on ne peut plus aride. Il n’y a d’eau nulle part ; nous faisons quelquefois 4 lieues sans en trouver. La chaleur est plus forte qu’en Egypte. Depuis Rio-Seco jusqu’ici, il n’y a pas un arbre. Le soldat conserve sa gaieté, mais il souffre beaucoup de la chaleur. Le pays où nous sommes est un pays de plaines immenses. Les chaleurs sont excessives ». La météo espagnole n’est pas seule en cause. Savary, duc de Rovigo et Général en chef en l’absence de Murat, écrira : « Les troupes manquent de biscuit et en réclament. Je réitère ma demande de chemises et de souliers pour sortir les hommes de l’état de malpropreté infecte où sont souvent bon nombre de soldats. » L’historique du régiment le confirme : l’habillement est en mauvais état, les capotes et les souliers manquent cruellement. Les marches et les bivouacs ont mis la plus grande partie des capotes en lambeaux ; les culottes ne valent guère mieux. Les souliers sont usés. Qu’il est loin le temps où Schmul arborait fièrement son uniforme ! Dans ce contexte les maladies frappent durement les armées. Ainsi dès juillet 1808, l’historique du régiment précise que sur 3 000 hommes « déjà, par suite des fatigues, des marches et de la dysenterie, le chiffre des hommes aux hôpitaux est de plus de 700. »

Près d’un quart des soldats du régiment sont à l’hôpital, un mois à peine après être arrivés en Espagne ! Le 30 juillet, Bessières précise : « Les malades commencent à décimer l’armée, ruinée principalement par la dysenterie provenant du raisin vert sur lequel le soldat se jette avec avidité. Les jeunes soldats
sont particulièrement éprouvés par les fatigues et la mauvaise nourriture ».
Après la retraite vers l’Ebre, Bessières déplore désormais les fortes pluies d’automne. Il écrit le 25 septembre : « Il fait un temps affreux, et il serait à désirer que nous puissions avoir des capotes. (…) Il a tellement plu ces trois jours que j’ai pris le parti de cantonner autour de Miranda la plus grande partie de mon corps d’armée. Les pluies commençaient à me donner beaucoup de malades ». C’est
certainement le sort de Schmul. Son régiment installe le 19 octobre 1808 son quartier général à Miranda, ville située sur l’Ebre. Trois jours plus tard, le 22 octobre 1808, son registre matricule indique qu’il est à l’hôpital, puis finalement rayé des registres le 16 mars 1810 sans autre précision.

Registre matricule du 120e régiment de ligne, avec dernière trace de Schmul à l’hôpital le 22 octobre 1808
(©Service Historique de la Défense ; 21 YC 850)

Aura-t-il pu rejoindre son régiment et poursuivre la guerre d’Espagne ? Sera-t-il décédé à l’hôpital ? Sans précision sur la poursuite de son parcours dans son registre matricule, on peut imaginer qu’il est vraisemblablement décédé à l’hôpital, probablement de la dysenterie qui y ravageait alors les armées. Il existe bien des registres d’état-civil du 120e RI (source SHD Xz 49) détaillant tous les actes de naissances, mariages ou décès du régiment, en réalité essentiellement des décès. Hélas ce registre ne débute qu’en 1810, sans trace de notre soldat qui a donc dû décéder avant.

Principales étapes connues du parcours de Schmul.
Il aura parcouru plus de 2 000 km à pied depuis le départ de son foyer

L’analyse approfondie des registres matricules de son régiment (source SHD 21 YC 850) montre que pour l’année 1808, de très nombreux soldats partis pour l’hôpital n’ont pas de destination renseignée. Et pour ceux dont l’hôpital est précisé, près de la moitié sont restés en Espagne (principalement à Vitoria) alors que l’autre moitié a été envoyée à l’arrière dans les hôpitaux français, de manière très disséminée (Bordeaux, Auch, Bayonne, Dax, Libourne, Moissac, Condom, Noyal, L’IsleJourdain, Marmande, Lectoure, Bourganeuf, Agen, Tours,…). L’analyse des registres de ces villes n’a pas permis à ce jour de retrouver la trace du décès de Schmul. Peut-être est-il néanmoins quelque part dans les registres d’état civil d’une quelconque bourgade du sud-ouest de la France. Ou peut-être est-il resté en Espagne, où faute d’état-civil on ne pourra le retrouver. Seule certitude, il n’est jamais revenu dans ses foyers où aucune trace de lui n’a été retrouvée.

Un dessin de cantinière

Il s’agit d’une aquarelle peinte à la main. Se pourrait il que ce soit un autoportrait de Schmul dessiné de sa main ? Certaines incohérences dans l’uniforme laissent cependant penser qu’il s’agit d’un papier à lettre qu’il a du se procurer dans le camp auprès d’un camarade ou d’une cantinière. On en trouve d’ailleurs dans les archives belges une preuve irréfutable. Une analyse comparative approfondie de l’imagerie des lettres de soldats de l’Empire a permis d’identifier avec certitude un dessin du même auteur, envoyée en 1809 du Camp de Boulogne.

Lettre de soldat envoyée du camp de Boulogne (©Archives d’Etat à Liège)

Sans sa belle lettre conservée et retrouvée par hasard dans la gueniza d’un petit village allemand, Schmul serait resté un anonyme parmi tant d’autres emporté dans le tumulte des guerres napoléoniennes. Si Schmul a donné sa vie pour l’Empire français, suivant les alés de l’Histoire, son propre frère Heimann sera lui aussi soldat après la chute de l’Empire, mais cette fois côté prussien. Et l’un de ses petits neveux, Julius Berger, tombera en avril 1918 sous l’uniforme allemand.

Ce billet est tiré d’un article publié dans le n°95 du magazine de Genami.

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