D comme … Dieu, Hôtel Dieu

Son nom est Dieu. Hôtel Dieu. Cet hôpital parisien est l’un des plus anciens et des plus importants de la capitale. Situé au coeur de Paris, il a accueilli tous les parisiens, en particulier ceux vivants à proximité. Notamment donc les juifs installés dans le centre de Paris et le Marais voisin. Alors que les archives de l’état-civil parisien ont disparu dans la destruction de l’Hôtel de Ville lors de la Commune de Paris, l’AP-HP a eu la bonne idée de numériser ses propres archives, consultables en ligne gratuitement. Autant dire une mine d’or pour les parisiens. Une analyse menée dans les archives de l’Hôtel Dieu m’a permis d’identifier près de 3 600 individus vraisemblablement juifs enregistrés entre 1791 et 1870 (relevé disponible sur le site de Genami).

« I » comme israélite

Ce relevé est loin d’être exhaustif car il ne concerne essentiellement que l’Hôtel Dieu, de nombreuses données restent donc à exploiter sur les autres hôpitaux parisiens. Ce n’est qu’à partir de 1854 que la religion des patients est indiquée en commentaires pour les israélites, avec un discret « I » dans la marge. Ainsi Céline Cerf qui vient accoucher le 28 septembre 1854 est la première personne juive venue à l’Hôtel Dieu à voir ainsi sa religion précisée dans la marge. Je ne sais ce qui explique à ce moment une telle démarche. Les protestants et les quelques « mahométans » sont également précisés.

1832, le choléra dévaste Paris

Concernant nos ancêtres, la première trace de notre aïeul Joseph Dalsheimer qui a quitté son Alsace Bossue natale pour rejoindre la capitale est précisément un passage à l’Hôtel Dieu le 9 avril 1832 (archives de l’APHP, n° 4833). Au beau milieu de l’épidémie de choléra qui frappe alors Paris. Au pic de l’épidémie, Paris perd 848 habitants pour la seule journée du 10 avril 1832. Ce mois mouroir voit partir 12 000 des 18 400 victimes parisiennes du choléra (100 000 en France).

« Le choléra à Paris, devant l’Hôtel-Dieu » par Philippe Auguste Jeanron en 1832. National Library of Medicine, USA. © The National Library of Medicine, domaine public. Notre ancêtre Joseph Dalsheimer se cache peut-être quelque part dans ce tableau.

Le président du Conseil lui-même, Casimir Périer, est emporté par la maladie après avoir visité des malades à l’Hôtel Dieu. Les hôpitaux de Paris connaissent alors un afflux considérable, en particulier à l’Hôtel-Dieu. La mortalité y est effroyable, de l’ordre de 45 %. La mort qui survient dans la moitié des cas, est constatée dans les quarante-huit heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Heureusement, plus vigoureux ou plus chanceux, Joseph Dalsheimer ressort indemne de l’Hôtel Dieu 4 jours plus tard. Les quartiers populaires comme celui où il réside, au 8 rue du Bourg Tibourg au coeur de l’actuel quartier du Marais qui accueille alors une forte population pauvre et immigrée, ont été particulièrement frappés par l’épidémie. A cette époque la population de Paris, sans cesse accrue par l’immigration, avait augmenté des deux tiers depuis 1800. 

« Le duc d’Orléans visitant les malades de l’Hôtel-Dieu pendant l’épidémie de choléra de 1832 », par Alfred Johannot en 1832. Musée Carnavalet, Paris. © Paris Musées. Là encore, notre ancêtre Joseph Dalsheimer se cache peut être quelque part dans ce tableau.  

Les infos données par les archives de l’Hôtel Dieu sont intéressantes et donnent le plus souvent pour chaque individu, nom, prénom, âge, profession, adresse, lieu de naissance, conjoint éventuel, raison de la visite et durée de séjour. De ce que j’ai pu constater, les infos sur le lieu de naissance sont parfois approximatives.

Exemple de registre de l’Hôtel Dieu en 1832 ( ©APHP)

Merci aux équipes des archives de l’APHP pour la mise en ligne de ces archives. On en arriverait presque à ne pas leur en vouloir d’avoir mis plusieurs années pour réparer leur site après une première mise en ligne réussie, mais hélas retirée et suivie d’un black out trèèèèès long. Mais maintenant tout est revenu en ligne ou presque, alors sincère merci pour ces données sûrement utiles à toutes celles et ceux qui ont des ancêtres parisiens.

4 commentaires

  1. J’ai découvert votre blog grâce au Challenge AZ. Vos articles sont intéressants et très agréable à lire.
    J’ai plusieurs ancêtres à Paris qui sont passés ou sont décédés dans un hôpital à Paris. Donc votre article me fait saliver! J’ai essayé de retrouver les registres que vous avez utilisés dans cet article mais sans succès car je tourne en rond et me retrouve toujours sur « les notices ». Pourriez-vous, s’il vous plait, après le Challenge qui doit être chronophage, expliquer votre méthode? Merci et bonne continuation.

      • Merci Nicolas! Je crois avoir compris mon problème: toutes les années ne sont pas accessibles pour un certain hôpital. Par exemple les registres consultables s’arrêtent à l’année 1871 pour l’hôpital Lariboisière. L’année 1891 qui m’intéresse n’est pas encore en ligne. Je n’avais pas bien regardé à la gauche de chaque année proposée. Je continue à vous suivre.

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