Pour cette lettre N du #ChallengeAZ 2024 dédié aux soldats juifs de Napoléon, bienvenue sur les traces de Nathan Brisac, lorrain, saint-cyrien, chevalier et officier de la Légion d’Honneur.
A l’école spéciale militaire de Saint-Cyr
Nathan est né le 10 avril 1794 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), fils de Jacob Brisac (1761-1819) et de Jeannette Terquem (1765-1830), d’une famille prospère et renommée localement. A 17 ans, Nathan est envoyé à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, fondée par Napoléon en 1802 . Pourquoi ce jeune lorrain s’est il orienté vers la carrière des armes et St Cyr ? Seule certitude, il vient d’une famille en forte relation avec les armées. Son grand père Isaac Abraham Brisac était étapier, chargé de fournir l’étape aux troupes. Son père Jacob Brisac était lui aussi un entrepreneur prospère en affaires avec l’armée. D’après les travaux de la chercheuse Françoise Job qui a étudié cette famille :
« Jacob Brisac s’est spécialisé dans les fournitures aux haras de Rosières-aux-Salines. Au début du 19ème siècle, faisant preuve de sens de l’adaptation à la conjoncture économique, il a créé à Lunéville une importante fabrique de draps militaires dont la prospérité allait décliner à la chute de l’Empire ; il y avait associé ses fils et gendre. (…) Il a su être prudent dans ses engagements et diversifier les placements de ses capitaux dans l’immobilier. A l’instar des bourgeois d’Ancien Régime, il est devenu propriétaire, cumulant les achats de biens nationaux, essentiellement ruraux. »
Mais Nathan n’est manifestement pas passionné par le négoce avec l’armée et préfère s’y engager. A sa sortie de St Cyr deux ans plus tard en 1813, il est nommé lieutenant du 6e régiment d’artillerie à cheval.
Canonnier qui trainait des tonnerres
L’artillerie est l’arme favorite de Napoléon, lui même officier d’artillerie, et constituera souvent un avantage décisif de l’armée française sur ses ennemis. Selon les mots de Victor Hugo, Nathan devient « canonnier qui trainait des tonnerres ». Mais entre le moment où Nathan avait décidé de rentrer à St-Cyr – l’Empire était alors au fait de sa puissance – et le moment où il en sort en 1813, le monde militaire a radicalement changé. Napoléon a perdu sa Grande Armée en Russie, la France se trouve dépourvue et lève à la hâte la conscription massive de jeunes inexpérimentés, appelés « Marie Louise » en l’honneur de la nouvelle impératrice.
Fini les rêves de victoires glorieuses et éclatantes. L’air du temps assombri a un entêtant parfum de défaite. Ce sera notamment celle de la bataille de Leipzig (16, 17 et 18 octobre 1813) où Nathan est blessé d’une balle qui lui traverse « le haut de la cuisse gauche ». J’avoue avoir toujours du mal à imaginer les proportions dantesques de cette « bataille des Nations » qui vit s’affronter plus de 500 000 hommes et 2 000 canons… En large infériorité numérique les français sont battus. Nathan participe alors à l’ultime campagne de France en 1814 qui verra la chute de l’Empire.
Chevalier puis officier de la légion d’honneur
Nathan se voit décoré Chevalier de la Légion d’honneur en février 1814, un mois à peine avant la chute de Paris. Une note dans son dossier précise : « Jeune et devant beaucoup travailler pour devenir bon. Instruction théorique, bonne conduite. » Son dossier ne précise cependant aucun fait d’arme autre que la balle reçue dans la fesse à Leipzig. Un héros discret donc.
Officier de carrière, Nathan continue son service après la chute définitive de l’Empire. Il reprend du service comme lieutenant au régiment d’artillerie à cheval de Metz en 1817 puis capitaine en second au 2e régiment d’artillerie à pied détaché en Moselle en 1821. Il épouse une certaine Marie Anne Alexandre à Metz en 1820, premier mariage mixte de sa famille. Il finit sa carrière comme chef d’escadron au 10e régiment d’artillerie et est nommé officier de la Légion d’honneur en 1844. Nathan est décédé le 22 août 1852.
Pour creuser :
Une famille juive lorraine aux XVIIIe et XIXe siècles: les BRISAC de Lunéville, par Françoise JOB
Euh, c’est moi ou la note dans son dossier n’est pas si élogieuse que ça ?
Oui j’aime beaucoup le « doit travailler beaucoup pour être bon » 😉