Pour la lettre K du #ChallengeAZ bienvenue sur les traces d’une femme. Son nom : Kahn, veuve Kahn. C’est vrai que s’intéresser aux soldats juifs de Napoléon nous plonge dans un univers exclusivement masculin, les femmes n’étant à cette époque pas autorisées dans les armées. On ne les découvre ponctuellement que dans leur rôle de mère ou d’épouse de soldat.

C’est d’ailleurs le cas ici, avec cette femme qui prend la plume en 1863 pour écrire au ministre de la guerre. Enfin pas tout à fait sa plume, puisqu’il est précisé qu’elle ne sait pas signer. Cette femme, Minette Weill, est la veuve d’Abraham Kahn. Elle écrit pour demander les états de service de son mari et chercher du soutien.

Tout le monde sait que le travail d’une femme de 76 ans n’est rien

Extrait de la lettre

« Elle se rappelle qu’il a servi dans le 100e régiment de ligne en Allemagne, ou dans la 100e brigade comme on les distinguait alors dans les premières guerres de l’Empire ; sa veuve est maintenant âgée de 75 à 76 ans, sans fortune. Du vivant de son mari sa pension lui aidait à vivre, aujourd’hui elle n’a plus rien de personne pour la soutenir, tous ses enfants sont morts ; observant qu’elle a coopéré avec son mari à la défense de la citadelle de Strasbourg contre les alliés en 1814 ; elle ne possède aucun revenu ni moyen de subsistance que les faibles secours de la charité publique, et comme tout le monde sait que le travail d’une femme de 76 ans n’est rien et qu’elle ne peut plus rien faire pour vivre et payer son loyer si on ne lui vient pas en aide. »

Témoignage touchant que celui de cette vieille femme démunie qui cherche un secours en sa qualité de veuve d’ancien militaire. Pourquoi écrit elle en 1863 alors que son mari est décédé en 1831 à Bischheim ? Je l’ignore. Peut être a t elle perdu ses derniers enfants et soutiens ? Peut être l’époque s’ouvre à de nouvelles dispositions légales favorables ? Je ne sais pas.

Son mari Abraham Kahn (ou Cahen) né en 1771 à Osthoffen dans le Bas-Rhin est le fils de Mathias et de Bina. Il est fusilier à la 100e demi brigade d’infanterie de ligne d’octobre 1797 à mars 1802. Abraham est mis à la retraite en 1802 : « ce militaire est hors d’état de continuer son service par l’effet d’une hernie provenant des fatigues et événements de la guerre. Affligé de deux hernies, celle du côté droit est considérable et ne peut être maintenue que difficilement par le bandage ». Avant son service, il avait été blessé en 1793 d’un coup de mitraille à la jambe droite lors du bombardement de Fort-Louis (aussi appelé Fort Vauban) le 21 brumaire an II par les Autrichiens venus attaquer la France révolutionnaire.

De retour à la vie civile, Abraham Kahn épouse Minette Weill à Bischheim le 2 octobre 1809. Minette est originaire de Ingenheim, née en 1788 de Goudchaux Raphael et Caroline Levy. Abraham et Minette ont au moins 6 enfants : Babette, Abraham, Florette, Caroline, Madeleine, Mathias. Abraham décède à Bischheim le 15 février 1831. On retrouve sa veuve Minette plus tard à Paris ; c’est de là qu’elle écrit au ministre de la guerre en 1863, demeurant alors au 14 rue Cloche Perce, au coeur du quartier du Marais.

Je ne connais pas la réponse donnée à sa demande de secours de veuve de soldat ; je n’ai rien trouvé dans le dossier aux archives du Service Historique de La Défense. Minette décès peu de temps après, le 21 janvier 1867 et est inhumée au cimetière du Père-Lachaise, division israélite (87).

IA et généalogie

NB : pour l’illustration de cet article j’ai testé l’outil d’intelligence artificielle proposé par WordPress.com pour illustrer les articles. Je n’ai pas été déçu 😉

Minette ne savait vraiment pas écrire, la preuve en image…