Salonique, Jérusalem des Balkans

Petit article rapide à propos de la nouvelle expo présentée au musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) à Paris sur le thème : « Salonique, « Jérusalem des Balkans », 1870-1920 ».

Expo dans les sous-sols du mahJ

Mes dernières recherches m’avaient conduit sur les traces de la famille de Samuel Molho de Salonique. D’où mon intérêt particulier pour cette ville et cette exposition.

La ville est surnommée Jérusalem des Balkans pour l’importance de sa communauté juive. Les juifs de Salonique sont en grande partie issus des expulsés d’Espagne en 1492. Le poète Samuel Usque originaire du Portugal précise ainsi : « La ville nous a accueillis et serrés dans ses bras avec autant de bonne volonté et d’amour que si elle était notre très ancienne et pieuse mère Jérusalem. »

Repères chronologiques de la vie de Salonique (@majH)

Salonique est profondément cosmopolite. D’ailleurs les photos présentées viennent principalement de deux photographes actifs à Salonique, Paul Zepdji et Ali Eniss, l’un Arménien et l’autre Musulman.

Les Juifs, majoritaires dans la ville, sont omniprésents au fil des photos, présents dans beaucoup de petits métiers, artisans, pêcheurs, portefaix, vendeurs,… Beaucoup de photos concernent également les « Sabbatéens » ou dönme, des musulmans descendants des partisans de Sabbataï Tsevi qui vient prêcher à Salonique, anciens juifs convertis à l’Islam. La majorité des musulmans de la ville auraient d’ailleurs été des Sabbatéens.

L’expo est agrémentée de nombreux documents dont des cartes postales anciennes, photos et dessins

Au gré photos et documents présentés, on (re)découvre l’histoire de cette ville ballottée entre orient et occident, entre Grèce et empire Ottoman. La ville est d’ailleurs situées à mi chemin entre Athènes et Constantinople. Les Juifs avaient soutenu son rattachement à l’empire Ottoman musulman davantage qu’à la Grèce orthodoxe. En vain. A l’issue des guerres balkaniques, Salonique est rattachée à la Grèce en 1912, source de premières exactions.

Dans le camp des vaincus à l’issue de la première guerre mondiale, l’empire ottoman se voit redessiné par le traité de Lausanne avec le transfert imposé de populations : les musulmans se voient forcés au départ, y compris les sabbatéens, et Salonique voit en retour l’arrivée massive de réfugiés grecs d’Asie mineure. La ville change profondément de profil.

Et quand on sait le destin tragique de la communauté juive, exterminée en 1943 à 96% par les allemands, les photos de cette expo raisonnent comme les vestiges perdus d’un temps béni où les communautés semblaient vivre en harmonie.

le sourire des enfants de Salonique au pied des murailles de la ville (Ali Eniss @mahJ)

Bravo et merci aux équipes du mahJ pour cette petite expo fort agréable qui se tient du 19 septembre 2023 au 21 avril 2024. Bonne visite !

4 commentaires

    • D’ailleurs j’ai pensé à vous car j’ai trouvé à la librairie du mahJ le livre Gioconda que vous m’aviez conseillé. Lu aujourd’hui, magnifique et bouleversant…
      Merci du conseil

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