La tragédie du Struma

80 ans jour pour jour, le 24 février 1942, un bateau de près de 770 réfugiés juifs était torpillé en mer noire. Un seul survivant. A l’heure où la guerre frappe à nouveau sur le front de l’est, retour sur les traces du Struma. Ce navire parti de Roumanie devait permettre à de nombreux juifs roumains fuyant l’horreur nazie de gagner Israël. Mais il s’est retrouvé bloqué à Istambul par les britanniques qui refusaient l’afflux de juifs en Israël dont ils avaient la charge . Et le bateau fut finalement détruit par erreur par un sous-marin russe.

Le parcours du Struma (source : US Holocaut Memorial Museum)

En décembre 1941, à Constanta sur les rives de Roumanie, 767 Juifs montèrent à bord d’un navire appelé le Struma. Ils projetaient de se rendre à Istanbul, y déposer une demande de visa pour la Palestine, puis reprendre la mer. Le Struma était un bateau vétuste et surchargé, qui n’était pas équipé de manière satisfaisante sur le plan sanitaire. Malgré des problèmes de moteurs, il rejoignit Istanbul le 16 décembre 1941. Le voyage qui devait durer 14 heures, dura 4 jours.

Entre-temps, les anglo-américains déclarent la guerre à la Roumanie et le 16 décembre, lorsque le Struma arrive dans le port turc de Büyükdere, au nord du Bosphore, ses passagers sont devenus des « citoyens ennemis » aux yeux des anglo-saxons. De ce fait, les autorités turques interdisent tout débarquement, à l’exception de 8 passagers qui avaient déjà des visas britanniques pour la Palestine, obtenus à Bucarest, et d’une femme sur le point d’accoucher. Puis le Struma est mis en quarantaine.

Les passagers furent alors informés qu’ils ne pourraient pas obtenir de visa pour se rendre en Palestine. Ils n’étaient pas non plus autorisés à entrer en Turquie, qui quoique neutre veillait à respecter les restrictions britanniques à l’immigration.

Les passagers du Struma pendirent des deux côtés du bateau de grands draps où ils avaient écrit en grandes lettres “Immigrants juifs”. Ils hissèrent également un drapeau blanc sur lequel était écrit : “Sauvez-nous”. Le 23 février, environ 200 policiers maritimes turcs encadrèrent le Struma, menaçant de tirer sur quiconque tenterait de se jeter à l’eau, et arrachèrent les draps.

Pendant plus de deux mois, le Struma fut maintenu en quarantaine dans le port d’Istanbul. Les autorités turques refusèrent de laisser les passagers débarquer tant que les Britanniques ne leur accordaient pas l’entrée en Palestine. Les autorités portuaires ordonnent au navire d’appareiller, mais les mécaniciens sabotent la machine, désormais irréparable. Le 23 février 1942, la police turque remorqua alors le Struma en mer Noire, à la sortie du Bosphore, où elle le laissa aller à la dérive. Le lendemain matin, le 24 février 1942 à 2 heures du matin, il fut torpillé « par erreur » par le sous-marin soviétique ShCh-213. David Stoliar, un jeune homme âgé alors de 19 ans, fut le seul survivant de cette tragédie.

Billet de David Stoliar, seul survivant, que son père avait acheté près de 1000 dollars.
(source : https://www.thestruma.com/chapter-outline)

Après avoir reçu des soins dans un hôpital militaire turc, Stoliar fut emprisonné dans une cellule de la direction de la police turque à Istanbul et interrogé pendant deux semaines. Lorsqu’il demanda ce qu’on lui reprochait, on lui répondit qu’il était “entré en Turquie sans visa”. Il fut finalement remis en liberté et Simon Brod, qui l’avait accueilli, lui expliqua que c’était un miracle d’avoir survécu à ce naufrage, mais qu’en réalité le véritable miracle, c’était qu’il soit ressorti vivant des griffes des autorités officielles turques alors qu’il était l’unique témoin de ce drame. Les témoignages vidéo de David Stoliar ont été conservés et sont disponibles en ligne. Il a vécu 72 années après cette catastrophe et est décédé en 2014.

Après l’ouverture du rideau de fer, la Russie présenta à Israël des excuses pour cette “tragique erreur”, affirmant que le ShCh-213 avait pris le Struma pour un navire allemand. Le gouvernement turc ne s’exprima qu’une seule fois sur la tragédie du Struma, pour dire que la Turquie n’avait “aucune responsabilité dans cette catastrophe” et que la seule chose qu’elle avait faite avait été d’“empêcher des individus de pénétrer illégalement sur son territoire”.

Les britanniques, et en particulier Harold MacMichael, Haut-Commissaire de la Palestine mandataire, sont accusés d’avoir « plus que tout autre œuvré pour empêcher l’entrée en Palestine des réfugiés du Struma », pour ne pas froisser le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini.

Affiche accusant de meurtre le représentant britannique Harold Mac Michael à l’origine du naufrage du Struma.

Je vais laisser volontiers notre grand Victor conclure cet article de blog :

« Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune ! (…)
Puis votre souvenir même est enseveli.
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre »

Océano Nox, Victor Hugo (extraits)

En guise de « humble pierre », le site Jewish Gen dresse la liste détaillée de tous les passagers et membres d’équipages :

https://www.jewishgen.org/databases/holocaust/0140_Struma_list.html

Puisse cet article honorer la mémoire des victimes de ce drame et plus généralement de toutes les victimes civiles de guerre, hier comme aujourd’hui.

Sources :

Cet article plus historique que généalogique n’est pour une fois absolument pas le fruit de recherches personnelles mais qu’une honteuse copie et synthèse de différentes sources en ligne, notamment Wikipedia, US Holocaust Memorial Museum, TheStruma, JewishGen… Seul le souci de partager aujourd’hui cette page d’histoire m’a conduit à reprendre ces articles : du plagiat pour la bonne cause 😉

2 commentaires

  1. Ce n’est pas une « honteuse » copie, vue que vous citez vos sources. Et de toute façon, vous avez bien raison de continuer à nous éduquer pour que cela ne se renouvelle pas.

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