La parabole du ChallengeAZ

J’ai lancé ce blog Sur nos traces à l’occasion du ChallengeAZ 2021, initiative partagée par de nombreux généalogistes blogueurs qui consiste à publier un billet chaque jour de novembre, soit 26 articles de A à Z.

Cette idée de blog me trottait dans la tête depuis un certain temps pour partager mes recherches en matière d’histoire et de généalogie en général et juive en particulier. Des histoires d’ancêtres et mais aussi de personnages croisés dans mes recherches. Ce ChallengeAZ a été un excellent moyen de me lancer et de me pousser à la rédaction.

26 lettres pour voyager de la Hollande à l’Espagne, de l’Allemagne à Paris, de la Pologne à la France. 26 lettres parfois drôles, quelque fois dures voire tragiques. 26 lettres pour honorer nos ancêtres mais aussi des anonymes au parcours à la fois banal et hors du commun.

Et hasard du calendrier. J’ai emménagé début novembre dans une nouvelle maison. Et sur la dernière étagère de la dernière chambre, j’ai trouvé deux livres oubliés. Deux livres qui (comme par hasard !) parlent d’histoire juive. Un vieux Que Sais-Je sur les Sépharades, et un livre sur le Hassidisme. Ne connaissant rien à ce mouvement que je prenais pour des vieux barbus tristes et intégristes, j’ai été particulièrement surpris d’y découvrir beaucoup de joie, de malice et d’espérance.

Et dans les premières pages de la Célébration hassidique, Élie Wiesel raconte une histoire qui n’est pas sans évoquer l’intérêt du ChallengeAZ.

C’est l’histoire d’un grand rabbin très connu, Israel Baal Shem-Tov, qui se trouve un jour puni par Dieu et privé de tous ses pouvoirs. Il se retrouve alors démuni, prisonnier de brigands sur une ile lointaine, avec pour seul compagnie son fidèle scribe Tzvi Hersh Soïfer.

« – Rabbi, faites quelques chose, dites quelque chose !

-J’en suis incapable. Je ne sais plus me faire obéir.

– Mais vos connaissances secrètes, vos dons divins ? Qu’en est il advenu, Rabbi ?

– Oubliés, dit le Maître. Disparus, dissipés. Tout mon savoir m’a été retiré ; je ne me souviens de rien.

Il vit alors son compagnon sombrer dans le désespoir, il en éprouva un déchirement qui l’incita à l’action.

– Courage, dit-il. Tout n’est pas perdu. Tu es là, c’est bien. Tu peux nous sauver. Tu n’as qu’à me rappeler ce que je t’ai appris. Une parabole, une prière. Une miette de mon enseignement suffira.

Malheureusement reb Tzvi-Hersch avait tout oublié, lui aussi ; comme son Maître, il était un homme sans mémoire.

– Tu ne te rappelles rien ? s’écria le Baal-Shem. Vraiment rien ?

– Rien, Rabbi. Sauf…

– … sauf quoi ?

– L’aleph-beith.

– Alors, qu’attends-tu ? Commence ! Vite !

Obéissant comme toujours, le scribe se mit à réciter lentement, douloureusement, les premières lettres sacrées qui contiennent tous les mystères de l’univers :

– Aleph, beith, guimmel, daleth…

Et le Maître, de plus en plus excité, répéta après lui :

– Aleph, beith, guimmel, daleth…

Et le Maître, de plus en plus excité, répéta après lui :

– Aleph, beith, guimmel, daleth…

Puis ils recommencèrent depuis le début. Et le Baal-Shem déclamait l’alphabet avec tant de ferveur qu’il finit par tomber dans l’extase. Et lorsque le Baal-Shem était en extase, rien ne lui résistait, c’était là chose connue. Sans même s’en rendre compte, il réussit à changer et de lieu et de condition ; il brisa les chaînes, révoqua la malédiction : Maître et scribe se retrouvèrent chez eux, sains et saufs, plus riches et plus nostalgiques qu’avant. »

Comment ne pas voir dans cette parabole, découverte par hasard dans un livre abandonné, dans les premiers jours de ma participation au ChallengeAZ un clin d’oeil voire une allégorie de cette initiative : 26 lettres qui, racontées par tant de généablogueurs avec tant de points de vue et de sujets, contiennent tous les mystères de l’univers et permettent de sauver l’homme sans mémoire !

Merci aux organisateurs du ChallengeAZ, aux participants et à tous les lecteurs. J’espère qu’ils auront pris plaisir à parcourir ces quelques pages. Et ayant tout de même un vrai métier, avec une vraie femme et de vrais enfants, le rythme ultérieur des publications de ce blog sera beaucoup plus modeste 😉

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